Fondements d’une didactique des compétences
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Une pédagogie d’apprentissage de savoirs et de compétences
Mais qu'entend-on par compétence ? Le Décret "Missions" retient la définition
suivante : une compétence est une aptitude à mettre en oeuvre un ensemble
organisé de savoirs, de savoir-faire et d'attitudes permettant d'accomplir un
certain nombre de tâches.
Il est donc vain de vouloir opposer deux écoles, celle des savoirs (l’acquis de
contenus), des savoir-faire et celle des compétences. Cette opposition reste
stérile. Ainsi, en 1938 déjà, Durkheim 3 rappelait : « il est impossible
d’apprendre à un esprit à réfléchir sans que ce soit sur un objet déterminé. On
ne réfléchit pas à vide. L’esprit n’est pas une forme creuse que l’on peut
façonner directement, comme on façonne un verre que l’on remplira ensuite.
L’esprit est fait pour penser des choses, et c’est en lui faisant penser des
choses qu’on le forme. Penser justement, c’est se faire des choses des notions
justes. C’est en mettant l’intelligence en face de la réalité qu’elle doit réfléchir
qu’il est possible de lui montrer comment elle doit s’y prendre, pour s’en faire
des notions justes. L’objet est donc un facteur essentiel de l’éducation
intellectuelle. »
Cette constatation est reprise par Romainville 4 qui insiste sur le fait que « les
recherches récentes en psychologie cognitive montrent qu’une tête est souvent
bien faite parce qu’elle est bien pleine. (Ainsi) un élève qui semble disposer
d’un bel esprit de synthèse ou qui écrit avec aisance est celui qui, dans les
domaines en question, s’est constitué une base de connaissances riche et
organisée. »
D’autres pédagogues actuels, comme Roegiers 5, attirent également l’attention
sur la nécessité de ne pas minimiser l’importance des apprentissages
ponctuels et analytiques de connaissances, particulièrement avec les élèves
faibles qui ne possèdent pas encore les outils susceptibles de résoudre les
situations problématiques posées. Il est donc bien impérieux qu’une pédagogie
basée sur l’acquisition des compétences n’oublie pas les pratiques habituelles
des classes, mais les complète.
Il convient dès lors de souligner l’interaction fondamentale entre savoirs et
compétences : « un savoir-réfléchir général ne peut se construire
indépendamment de contenus, de savoirs. Le savoir-réfléchir dans un domaine
ne peut se construire que sur une base de connaissances étendues et
structurées.