Ce qu’est un enseignement en
termes de compétences
Un malentendu sur le terme “compétence”
On a souvent tendance à associer l’acquisition de
compétences au développement de ce que nous
appellerons provisoirement des savoir-faire assez
généraux, transversaux, tels argumenter, structurer
sa pensée, s’exprimer oralement et par écrit,
synthétiser des informations, transposer dans un
autre langage, avoir confiance en soi, gérer l’information,
prendre du recul, estimer, vérifier, gérer
son temps, travailler en équipe, chercher de
l’information, ... C’est volontairement que
j’adopte, pour le moment, le terme assez vague
de “savoir-faire généraux” pour les désigner.
Les travaux réalisés lors de la journée du 15 octobre
1997 confirment cette tendance. Quand on
évoque le terme “compétence”, on a souvent tendance
à penser spontanément à ces savoir-faire
généraux, transversaux, évoqués ci-dessus.
Ces savoir-faire sont fondamentaux. Je ne pense
pas qu’aujourd’hui l’on puisse trouver quelqu’un
pour le nier. Toutefois, cette compréhension de
la compétence provoque un malentendu, car, en
associant l’approche par les compétences à ces
savoir-faire généraux, elle induit l’idée que l’approche
par les compétences laisse peu de place à
une approche disciplinaire. Elle réactive dès lors
le débat entre les “disciplinaristes” et les
“transversalistes”, c’est-à-dire entre partisans
d’un développement de connaissances, et partisans
d’un développement de ces “savoir-faire
généraux”.
Vue comme une variante de la transversalité, l’approche
par les compétences décourage les
disciplinaristes, parce qu’ils craignent que le développement
de ces savoir-faire généraux ne leur
laisse pas assez de temps pour développer une
réflexion disciplinaire approfondie. Je rejoins là
réla réflexion qu’avait émise Jacques Vandenschrick
lors de sa conférence du 15 octobre. Dans le même
temps, cette même approche par les compétences
est mal comprise, voire récupérée, par les
transversalistes, qui pensent que l’on peut développer
des compétences en faisant l’économie
d’une réflexion disciplinaire. Comme le dit
Perrenoud (1997),
le souci du développement des compétences n’a
rien à voir avec une dissolution des disciplines dans
un vague “potage transversal”. Ce qui ne dispense
en rien d’interroger les fermetures et les intersections
des disciplines (p. 52).
C’est méconnaître ce qu’est en réalité une compétence
que de placer le débat à ce niveau. En
effet, plutôt que d’opposer une approche disciplinaire
et une approche transversale, l’approche
par les compétences a tendance à les rapprocher,
ou plutôt à faire apparaître les apports spécifiques
de chacune des approches. En effet, une
compétence a un caractère essentiellement disciplinaire,
parce que, visant à résoudre des problèmes
liés à la discipline, elle repose nécessairement
sur des connaissances liées à la discipline, et s’inscrit
dans l’organisation de ladite discipline. Mais,
dans le même temps, pour résoudre ces problèmes,
elle s’appuie également sur un ensemble de
savoir-faire généraux qui, eux, sont transversaux.